mercredi 31 décembre 2008

Carmine - Karina Square


Formé en septembre 1990 (sous le nom de CANDLE), CARMINE s’est composé autour d’Isabelle Andres (chant, guitare) et Julien Retaillaud (chant, guitares, arrangements…)

* MIS A JOUR LE 16 JUIN 2020 *

30 ans après, la première démo de CANDLE, BEGINNING BLUE UNCUT, est enfin disponible sur Bandcamp pour la modique somme de €8 :
https://candlefr.bandcamp.com/releases




DISCOGRAPHIE :

Candle – « beginning Blue » – 1992, Lithium records
EP 4 titres enregistré par Isabelle et Julien.

Suite à l’arrivée d’Eric Jumbert (basse) et Nicolas Gaultier (Batterie), Candle devient Carmine.

Carmine – « Visual » – 1993, Karina Square / Semantic – Album 12 titres.

Départ d’Eric et Nicolas, arrivée de Théo Jarrier à la batterie et aux percussions.

Carmine – « A Larger Sea » – 1994, Acuarela Records – 45 tours 3 titres.

Carmine – « Lumielle » – 1995, Karina Square / Semantic – Album 11 titres.

Carmine / Hood split single – 1995, Orange records. 2 titres.

Carmine – « Départs » – 1997, Karina Square / Semantic – Album 8 titres.

Carmine splitte en 1998.

Depuis Julien Retaillaud a monté différents projets dont vous retrouverez des échos sur ce blog : Lumiel, Siorane, Anna Blum.

Isabelle Andres a arrêté la musique et Théo Jarrier est devenu disquaire à Paris (Le Souffle Continu, 20/22, Rue Gerbier, 75011, Paris).

à suivre.

samedi 27 décembre 2008

Carmine, une retrospective


Carmine aux Instants Chavirés, Montreuil le 07 Juin 1997



Carmine

Visual / lumielle / départs

Etincelle du brasier britannique noisy pop / shoegazer (remember Ride, MBV, Earwig ou Revolver) apparue de l’autre côté de la Manche, Candle ne brûlera qu’un ep, Beginning Blue (92) estampillé Lithium 04, juste après le magistral La Fossette de Dominique A, Lithium 03.
Candle se consume et laisse au jour nouveau Carmine qui donne naissance à un premier album Visual en 93, sur leur propre label Karina Square. Julien et Isabelle sont alors très marqués d’influences indie héritées en Angleterre ou sur les terres de Sonic Youth.
Arrivé à un cap, le trio décide de s’enfoncer vers des terres inconnues hors de l’indie-rock qui commence à s’enliser dans le conventionnel, c’est le complet déclin de la vague shoegazer et bientôt feulent aux portes les pauvres tenants de la new wave of the new wave et de la calamiteuse brit-pop.
Carmine navigue désormais à grands coup de rames vers les eaux vierges du post-rock.

La barque de Lumielle (95) croise les sillages de Katerine, Pascal Comelade, Collection D’Arnell Andréa ou surtout Movietone, le tout avec une sensibilité digne héritière de l’indie jadis florissante mélangée à des troubles flash en provenance de Sonic Youth ou du Birthday Party. Ils semblent alors à la recherche de buts ultimes, comme des repères (How did we live here), des paysages isolés (Quadrille) dans une sensation de fadeur et de langueur (Le sommeil).
Carmine appelle au calme et au repos et non à l’oubli, propose ses chansons comme remèdes à l’agitation, aux gesticulations communes à ses voisins d’armes. En cela Carmine porte en application par A+B un axiome de la démarche post-rock en opposition à l’indie traditionnel :
le refus de la nécessité de la pop song parfaite et de toutes les soi-disant vérités qui l’accompagnent :
tu choisiras la structure couplet refrain ;
tu viseras à la radiophonie ;
la lenteur tu fuiras ;
conventionnellement tu joueras.
Pas de cela chez Carmine pas plus que chez Mogwai, Purr ou Tortoise. Carmine joue de la voix, des deux voix, celles d’Isabelle et de Julien et des langues, l’anglais, le français ou l’allemand. Guitaroncelle, piano, vibraphone, balafon, mélodica et chimes viennent épauler ou remplacer les traditionnels guitare, basse, batterie, clavier. Sur So beautiful, le chant double d’Isabelle s’affronte. D’un côté Kate Wright (Movietone) et de l’autre Kim Gordon (Sonic Youth) toutes deux porteuses d’un malaise similaire mais exprimé par chuchotement ou cris.
La perle de Lumielle s’impose, Non ne discute pas la vérité inspiré d’un poème de Marina Tsvétaïeva seule alternative recensée à l’obsédant Heatwave Pavment de Movietone.
Deux années passent alors où Carmine ne laissera qu’un split single sur Orgasm Records avec Hood, le probable futur hype de Domino.

Avec Départs (97) sorti en août suit une crise qui mène à la probable dissolution du groupe.
Départs s’identifie rapidement à une nette avancée du groupe, de nombreux disques semblent avoir croisé leurs platines, entre autres ceux de Long Fin Killie ou de Jean Bart.
Carmine a pris le temps d’habiller, de colorer son univers et gagne en franchise. On a l’impression que le groupe à mieux défini et cerné ce vers quoi il tend : exprimer la musique d’un instant, celui d’un battement de paupière, de la fermeture à l’ouverture de l’œil, là où toute perception de la réalité est distortionnée.
Départs gagne en cohérence et chacune des chansons à son existence propre, chacune est une destination différente possédant une origine commune.
La sensibilité de Carmine est tellement forte que toute convention, toute tentative d’inrockuptibilisation la pervertirait.
Départs est un accomplissement suffisant pour que dans dix quinze ans, des groupes fondamentaux en revendiquent l’ascendance. Vous voilà prévenus.
Si peu de choses à dire, mais tellement à partager à partir du moment ou notre sensibilité s’ouvre à la leur.
On n’en sort que grandi.
Dix sur dix.
Chronique paru sur le site belge disparu :

vendredi 26 décembre 2008

Departs (1997)



Chroniques

Prémonition n°29

Après un premier album fabuleux que la critique rattacha au post-rock, Carmine évolua dans un format davantage "chanson" sur Lumielle, où le français fit son apparition avec naturel. Départs poursuit sur cette lancée et séduit mieux que son prédécesseur.

Depuis ses débuts, il y a cinq ans, le groupe a développé un style original, invitant sur ses chansons aux structures harmoniques et vocales recherchée des instruments acoustiques. Basse et guitare, soutenues par une batterie en finesse à la Steve Shelley et accompagnées de violons, flûte, trompette et piano, constituent la texture riche sur laquelle vient se poser le chant d'Isabelle et de Julien, aux voix douces et fragiles, tels Nicolas et Pimprenelle au Pays des Névroses.
En effet, l'univers de Carmine est plutôt torturé- ils mettent Bukowski en chanson - et, parmi les textes existentialistes, ils n'hésitent pas à aborder la folie en toute intimité sur Maintenant tais-toi. Le trio est ainsi toujours sur le fil du rasoir entre son côté pop et son penchant pour l'expérimentation, qui l'amène parfois à charger un peu l'orchestration (le piano très bavard sur Personne, toi non plus ? ), ou le chant (avec l'utilisation parfois trop systématique de la voix parlée). Là où ils séduisent sans retenue est quand la musique se met au service de mélodies limpides, comme sur When you go et son violon étourdissant ou Si peu de choses à dire qui clôt l'album sur une note sereine.
Comment résister aux entrelacs de guitare et au tourbillon de Lumielle ? A la montée aux guitares incisives de Véronique ? Avec de tels arguments, Carmine touche droit au cœur.
Christophe Van Ceunebroecke


Magic! #14

Anticonformiste au possible, Carmine peut se targuer d'être, en France, l'un des seuls représentants d'un musique décomplexée des stéréotypes pop anglo-saxons.
A l'époque de leur premier album (Lumielle -!!!- en 95), Carmine jouait du post-rock sans le savoir, et surtout sans ce que ce soit la "mode". Aujourd'hui, rattrapé par la meute (Diabologum, Ulan Bator et consorts), Carmine reste fidèle à ses idées mais n'a pas su profiter de son statut de précurseur :
Départs est certes un très bon disque mais n'est pas l'album marquant que notre duo fatidique aurait dû nous faire parvenir. Ces détails, sûrement plus imputables au manque de moyens qu'au manque d'ambition, n'empêchent pas les huit titres délivrés ici de surprendre par leur construction : guitares et basse aux lignes harmoniques différenciées et vocaux souvent à l'unisson, parfois en contre-chant, le tout exécuté dans une ambiance proche de l'abattement, donne une idée de leur originalité.
Mélodiquement instable, Carmine réussit quand même des refrains mémorables (When you go, Silver) et surtout s'entiche, avec Si peu de choses à dire, d'une vraie chanson, vision idéale d'un Dominique A border line.
Ne reste plus maintenant qu'à se faire connaître au-delà du cercle des initiés. Ce qui, à l'évidence, constitue pour eux un effort surhumain.
Hervé Crespy 4/6


Les Inrockuptibles n°118

Carmine épouse depuis quelques années une trajectoire atypique, brièvement entamée sous le nom de Candle et fuyant comme le choléra tout ce qui s'apparent de près ou de loin à un conformisme ou à une démission.
Profondément convaincu du bien-fondé de sa petite entreprise musicale, ce trio de partisans de l'audace n'est pas du tout genre à baisser les bras mais bien plutôt à lever le camp et partir explorer sans répit de nouvelles contrées, d'où il envoie cette troisième carte postale, Départs. Son titre traduit au plus juste l'état d'esprits animant Carmine et en indique fidèle la teneur : chaque morceau peut ainsi se concevoir comme une escale au cours d'une quête patiente et jamais laborieuse qu'aucun repère ne balise que rien ne semble en mesure de freiner.
D'une cohérence infrangible, l'ensemble, couronné par le fulgurant Si peu de choses a dire, jouit d'une évidente faculté d'envoutement. On insistera en premier lieu sur la richesse du travail, d'une complexité ne sombrant à aucun moment dans un amphigouri fatal, effectué sur la texture sonore et en particulier sur les voix, qui se superposent, se bousculent, se perdent, se font désirer et nous parlent plus que beaucoup d'autres. Peut-être en raison d'une prédilection marquée pour l'usage de motifs répétitifs, on pense parfois à Stereolab - mais alors un Stereolab soudain devenu vertébré.
Reste à espérer que ce Départs en fanfare contribue à élargir le cerlce des intimes qui, pour être happy, n'en reste pas moins few.
Jérôme Provencal

Webzine Magnetophone

Depuis leur superbe second album, Lumielle, sorti voici déjà deux ans, nous attendions un successeur digne du joyau concocté par Carmine. C’est enfin chose faite, et c’est étrangement sur Lumielle, morceau dont est, sans aucun doute, tiré le titre du précédent album, que s’ouvre Départs.
D’entrée, le ton est donc donné, puisque le spectre du deuxième album de Carmine traverse leur troisième album de part en part. Musicalement, Carmine n’a plus rien a prouvé et nous a montré par le passé son étonnant savoir-faire, à manier toutes sortes d’instruments aux noms parfois étranges, toujours mélodieux à nos oreilles, à utiliser les arrangements comme d’autres respirent.
Ce troisième album semble moins prolixe de tels instruments et arrangements, et pourtant on lui trouve une indéniable parenté avec son prédécesseur, le son y étant évidemment pour beaucoup. Les textes, plus audibles que par le passé, sont forcément moins obscurs, mais n’en sont pas pour autant moins glauques, contant des histoires de couples qui se déchirent, et qui n’ont plus rien à se dire (Personne, toi non plus, Si peu de choses à dire, Maintenant tais-toi... ). Comme à son habitude, le temps d’un morceau (This then), on retrouve le goût du groupe pour les poètes étrangers, avec ici un texte de Charles Bukowski. Ce morceau est d’autant plus étonnant qu’on y entend des "Catherine Wheels", ces fusées pyrotechniques qui nous sont chères les jours de Fête Nationale, et le son d’une trompette, instrument inédit chez ce groupe de post-rock national.
Carmine n’en finit pas de damner le pion à bon nombre d’autres groupes qui ont de grandes leçons de musique à apprendre. Départs n’est pas un album aussi surprenant que Lumielle, mais qui s’écoute avec tellement de plaisir !
Pascal Bérest






Le rond central



La première page du livret


La deuxième page du livret


Le livret

3 morceaux extraits de l'album Départs (Karina Square/Semantic)


Lumielle (1995)

La biographie du groupe à l'occasion de la sortie de l'album LUMIELLE en 1995

Formé en septembre 1990 (sous le nom de CANDLE) , CARMINE se compose de Isabelle Andres : chant, guitare, piano ; Julien Retaillaud : chant, guitare, tous instruments ; Théo : batterie.

Mars 1992 voit la sortie sur le label LITHIUM de leur premier CD 4 titres, Beginning Blue. Décrit par le Melody Maker comme "gloriously scratchy, blurred, stoned, hazy, disorienting, claustrophobic and enchanting" (!), ce EP prouvait qu'un groupe français, inspiré à la base par des artistes tels que My Bloody Valentine ou Glenn BRANCA, pouvait en dégager un style personnel et attirer l'attention des deux côtés de la Manche.

Entre temps, CARMINE change de nom pour cause d'homonymie avec un groupe anglais et crée sa propre maison de disques, KARINA square, sur laquelle est sorti en mai 1993 leur premier LP Visual. Les 12 chansons de ce disque, décrites comme "fuyantes et fascinantes comme des gouttes de mercure", sont conçues comme l'expression d'images intérieures, d'où le titre de l'album. Les guitares sont toujours dissonantes, mais rarement saturées, et au détour d'une mélodie murmurée vient parfois se greffer un orgue aérien ou ... une sirène d'ambulance. "Calme et oppressant", "doux-amer", "à la fois ensorcelante et dérangeante", tels sont les mots qui reviennent le plus souvent pour décrire l'atmosphère de cet album.

Puis, en avril 1994, sort le 45trs single A Larger Sea, réalisé en collaboration avec le label espagnol Acuarela Records, qui voit, à la traditionnelle base guitare/basse/batterie, l'adjonction d'instruments plus surprenants, comme la flûte ou le violoncelle, et où CARMINE prouve, une fois encore, qu'il est possible d'allier expérimentation et mélodie.

Avec son nouvel album, Lumielle, CARMINE élargit encore le registre de son inspiration: les voix féminine et masculine se répondent ou se marrient en chantant indifféremment en français, en anglais, voire en allemand ; la guitare basse laisse la place au piano ou au violoncelle, le melodica ou le vibraphone tentent de rivaliser avec les guitares.
La mélancolie naît parfois du rythme répétitif et dansant d'un "Quadrille", mais jamais de l'ennui. Isabelle, Julien et Théo passent ainsi d'un morceau aux sonorités douces et étranges comme "Tenebrae", à la violence d'une reprise d'un groupe de "white noise", ou encore redessinent avec les violons du "Sommeil" les contours d'une nouvelle approche de la chanson en français, avec comme seuls fils conducteurs l'émotion et la sensibilité.

– Ce court texte accompagnait les exemplaires promotionnels de l’album « Lumielle » (1995).

"Ca aurait pu commencer d'une autre façon, de mille façons même ; l'essentiel est que j'avais l'impression de le vouloir de toutes mes forces. Mais, en tout cas, ça ne pouvait se terminer que d'une seule finalement.

Tout le temps que ça avait duré, j'avais eu peur d'avoir mal. J'y pensais de plus en plus et j'en étais de plus en plus sûre. Et maintenant, voilà, j'avais mal, horriblement mal. La douleur, qui au départ était concentrée sur un seul point, franche et nette, devenait de plus en plus intense et irradiait à partir du bas-ventre en ondes concentriques. Immersion dans une mare stagnante, puis respiration. L'impression que l'air s'épaississait à chaque reprise de souffle.

Je fixais la lumière qui finissait par se concentrer en un point immensément brillant mais s'éloignant au fur et à mesure de mes efforts pour ouvrir les yeux. Mais est-ce que j'avais envie de voir tout ça finalement?

Un moment, j'ai cru que j'avais crié, puis que je ne pourrais plus jamais ouvrir la bouche. Pourtant, la pièce était remplie d'un halètement de bêtes fauves, tapies, prêtes à déchirer mes entrailles déjà tordues par des spasmes de plus en plus nombreux.

J'ai hurlé, je voulais partir, tout arrêter, non mais quelle bêtise j'ai faite, je regrette, je ne veux pas, je ne veux plus...

Puis, au milieu de toute cette souffrance, de toute cette douleur, alors qu'un liquide chaud et poisseux s'écoulait de mon corps, j'ai senti comme un bruissement d'ailes très doux entre mes jambes, une caresse fraîche semblable à l'effleurement d'un papier de soie, là où la bête mordait pourtant le plus férocement.

Et je fermais les yeux quand Lumielle les ouvrit au monde."
(in "Lumielle" - Alice CALVERT - 1991)





CHRONIQUES


Octopus n°2

On cesse d'entendre et de voir quand on a perdu le sentiment de soi-même. C'est pour ça qu'il faut encore et toujours des preuves qu'on existe encore. Sur ce nouvel album, Lumielle, il faut chercher ces phrases parmi toutes ces pistes de voix de morceau f.i.r.m. , ce cache-cache sonore qu'affectionne tant Godard.
Se livrer d'autant plus que l'apparence reste mystérieuse, à l'image de cette pochette basée sur une photo de film muet japonais et représentant une danseuse (?) désarticulée.
Carmine poursuit son bonhomme de chemin entre velléités jazzy et mélodies humaines intemporelles. Sur un poème de Paul Celan, Tenebrae débute l'album avec le chant très pur d'Isabelle, comme l'écho lointain d'un Lied mystique soutenu par l'utilisation d'un balafon (instrument de musique à percussion d'Afrique Noire). La guitare slide de l'évident single How did we live here, le violoncelle du Sommeil, la valse sublime de Résonance du vide, la ritournelle de So beautiful (des Flaming demonics) ou encore le piano clin d'œil à Bach (dans la nouvelle version de Non, ne discute pas la vérité), sont autant d'indices témoignant de la progression du groupe.
Progression évidente par rapport au premier album Visual, tant dans le travail sur les arrangements que de par la diversité des instruments utilisés (chimes, vibraphone, melodica, guitaroncelle).

La musique de Carmine s'affirme de plus en plus dans un registre personnel qui, en ces temps d'ouverture musicale, devrait leur permettre de gagner les faveurs d'un public plus large (la présence de quatre morceaux en français allant dans ce sens). Pourtant, on les sent proches de la rupture. Lumielle semble en effet avoir été enfanté, au sens douloureux du terme, dans un mélange de joie et de peine. Quand l'amour et la musique ne parviennent pas à effacer le sens d'une douleur originelle vague ; une très lointaine douleur que l'on tait, dont on ne veut pas connaître l'origine.

La musique de Carmine, dans sa beauté, renvoie à une incapacité à vivre dans le monde, une vie qui s'apparenterait plus à un métier dirait Pavese. Lumielle est un album qui prend au cœur, pour ne pas dire aux tripes. Il semble toucher une vérité propre aux sentiments, à travers une cicatrice intérieure. Certains cherchent un exutoire par la violence musicale, d'autres, certes, peuvent trouver cette démarche veine et futile. Ou peut-être Carmine n'en a-t-il tout simplement plus la force, et laisse-t-il ainsi échapper quelques ultimes souffles.

Dominer sa respiration, se maîtriser et le souffle sera porteur d'une lente clarté. Une clarté diffuse, qui n'est pas tout à fait aussi aveuglante que celle de Venise, mais qui aspire à le devenir. "Cela commence toujours ainsi, mais le sommeil n'est pas la solution," cette phrase du Sommeil semble répondre à cette question que posait Maurice Pinget dans son livre sur le sens du savoir-vivre japonais : "Ne peut-on qu'en cessant d'être, s'assurer de ce qu'on était ? "
Vivan(e) Vog


Magic! #2

A la question : le rock en France peut-il surprendre et divertir, Carmine répond oui sans hésiter. Nulle auto-complaisance pour Isa, Théo et Julien, surtout pas cette monotonie d'accords stéréotypés, ni le pompage coutumier de gimmicks en vogue chez les anglo-saxons pour palier une inspiration défaillante. Carmine s'auto-suffit et développe en une seule chanson dix fois plus d'idées qu'un album entier de Welcome to Julian (condoléances).

Lumielle, outre son désengagement volontaire, est un véritable jeu de pistes pour qui voudrait répertorier ces inclassables. Au mieux, et pour ne pas leur faire trop de peine, on se contentera d'évoquer une filiation avec Can et le légendaire Tago Mago. Chaque titre de l'album est un Mécano subtil où les musiciens ne suivent jamais le plan indiqué sur la notice de montage. Vibraphone, violoncelle et piano sont souvent conviés à participer à cet édifice fragile de chansons désorientées, un équilibre rendu d'autant plus précaire par des vocaux mal assurés ou mal à l'aise.
Le propos reste toujours sombre, presque "new-wave" dans son obscurantisme, de même que les sonorités y sont souvent déconcertantes. Quadrille ou Le sommeil dévoilent d'ambitieux labyrinthes, tandis que Beautiful révèle une sensualité de glace et Music Hall clôt avec douceur cette promenade de zombie au sein de l'underground made in France.

Avec Lumielle, Carmine se garde bien de révéler son étrange alchimie, entre expérimentations sur le fil et mélodies à l'abandon. Combien de groupes en France peuvent se vanter d'avoir un jour ou l'autre intrigué leur auditoire ?
Hervé Crespy 5/5

webzine et voila le travail

Au début des années 90 le label londonnien Too Pure sortait chef d'oeuvre sur chef d'oeuvre : Pram, Moonshake et les Long fin Killie expérimentaient chacun aux frontières de la pop, du Kraut Rock et du Jazz.A la même période, les français de Carmine écrivaient un album incandescent avec les mêmes ingrédients, pour un résultat fascinant d'atmosphère tendue et de poésie troublante.




le verso de la pochette


le rond central du cd

la première page du livret

la deuxième page du livret

la troisième page du livret

la dernière page du livret



2 morceaux extraits de l'album "Lumielle" (Karina Square/Semantic)



A Larger Sea (1994)


Acuarela Records (AQ 003).
45t / 7" = 3 Tracks

Side A : A larger sea
Side B : Non, ne discute pas la vérité + Today is a wide place

CHRONIQUES

Magic! #1

Depuis son fort bel album, Carmine était fort discret. Aujourd'hui, ils reviennent par une porte dérobée le temps d'un single enregistré en collaboration avec le mini-label espagnol Acuarela. Trois titres mystérieux et aériens, minimalistes et passionnants.
A larger sea, chanté par Julien et Isabelle en dialogue de sourds, est une fausse comptine où une flûte berce tranquillement l'auditeur avant le reveil en sursaut d'un final apocalyptique.
Non, ne discute pas... allie fausse candeur et intelligence alors que Today is a wide place surprend par l'emploi d'un xylophone, oppresse puis charme.
Jamais très loin de Pram, Carmine confirme ici son ingéniosité et prouve, une fois encore, que l'on peut allier expérimentation et mélodie.
Timothey Toonay

Webzine : derives.net

One year after their debut album, “Visual”, and one year before their second one “Lumielle”, the French band Carmine released this 7 inch as the third release on the – at this time – emerging Spanish label Acuarela.
It is here that Carmine started to build their myth as a precious, original, melancholic, subtle, underestimated and understated band, and each of these three songs are already good reasons for that.
The title track sounds is on the same wavelength with the kind of music UK bands like Stereolab, Pram or Long fin Killie were releasing at the same time.
The best song here is absolutely “Non”, Isabelle and Julien sing in French but if you are not attentive you won’t notice it’s in French, the music is quite simple and minimal, with a delicate tension that can also recall the early days of Movietone and Hood, with cold ethereal ambiences and an almost slowcore structure. The last song “Today is a wide place” is laid-back, lo-fi and happier and reminds me of The Pastels.
Didier Goudeseune - 13 Jul 07

Source inconnue

Carmine (formerly Candle) owe a debt to Pram in the way they turn low-key into slightly unsettling, and their use of what sound like toy instruments and a cheap casio; their quiet power also stands out on its own. Two songs are in English, one in French; whatever the language, lyrics are barely audible.
- Elisabeth Vincentelli

Source inconnue

Nothing I've ever heard from Spain prepared me for the feather-light loveliness of this little platter. Fragile femme and sulien male vox intertwine around an introverted guitar strum brightened by flute and violin filigree. You've probably heard it before, but who cares, when it's done so well ?
Bill


Le recto du 45t / 7"

La première page intérieure

La deuxième page intérieure

2 morceaux extraits du EP "A Larger Sea"
(Karina Square/Acuarela records)
dont la version rare du morceau "Non ne discute pas la vérité"
qui figure sur l'album "Lumielle" sorti en 1995.


Visual (1993)

CHRONIQUES


Les Inrockuptibles, juillet 1993


Pas de chance pour Candle : quand sort leur premier single, le groupe se voit contraint de changer d'identité. Contrôle, papiers. Un groupe anglais porte le même nom. Candle devient Carmine, comme ca, "parce que c'est compréhensible en anglais et en français. Il n'y a pas vraiment de raison."

Pas de chance pour Carmine : le groupe perd son label et n'envisage pas d'en trouver un autre, pas en France. Karina Square sera créé pour Visual, premier album de Carmine. Drôle d'album. Les chansons commencent souvent comme des comptines pour faire dormir les enfants. Des voix chuchotées et des guitares paisibles, juste un peu étranges. Mais les petits bercés par Carmine feront des rêves torturés. Un monde s'anime : sous une bulle minuscule, David Lynch convoque Sonic Youth et Can pour une jam de nains. Farandole insensée.

Pendant ce temps-là, Carmine s'énerve sèchement sur ses guitares. Le garçon chante désinvolte et comme s'il s'excusait. Les syllabes glissent jusqu'à terre. La fille, très douce, chante clair et haut et ouvre les fenêtres de cette musique à la chaleur blanche.

Drôles de chansons, fuyantes et fascinantes comme des gouttes de mercure. Quand on se réveillera, la guitare de Destruction of the heart sera encore là.

Stéphane Deschamps


source inconnue

Passé inaperçu pour on ne sait quelle raison, le premier album des parisiens de Carmine est pourtant un morceau de bravoure en regard du paysage musical français.

Avec pour base, une basse, des guitares, une batterie, Visual redessine les contours d'un rock minimal et dynamique, urgent et répétitif.

La réussite de Mary, Mary, So Contrary de Can aurait du à elle seule déchaîner les passions.

Le verso du CD


Le rond central



La première page du livret


La deuxième page du livret




3 morceaux extraits de l'album "Visual" (Karina Square/Semantic)
dont la reprise de Can "mary mary so contrary"



Beginning Blue (1992)


La biographie du groupe la sortie de leur premier disque, sorti sur Lithium Records en 1992.

Formé en septembre 1990, CANDLE se compose de :
Isabelle : chant, guitare, basse, mini-moog ; Julien : chant, guitare, basse, batterie, moog, tambourin-.

Notre travail s'est d'abord concentré sur l'enregistrement d'une maquette 8 titres qui a débouché en septembre 1991 sur une signature avec le label LITHIUM (maison de disques de Lucievacarme et Dominique A.), distribué par DANCETERIA.

Notre premier CD 4 titres, Beginning Blue, enregistré en novembre 1991 à PARIS, sort donc aujourd'hui. Nous avons entièrement enregistré et produit ce disque à nous deux.
Parallèlement, nous nous produisons également sur scène, entourés d'un bassiste et d'un batteur.

Musicalement, nous associons un chant plutôt doux à une musique plus dure et "bruyante" tout en privilégiant les mélodies et les sonorités non classiques.
A l'intérieur de vraies chansons, nous intégrons des passages plus DISSONANTS ou élaborons des structures non conventionnelles.

Influencés à la base par des groupes anglais tels que My Bloody Valentine, nous nous inspirons Aussi bien de Birthday Party pour les structures et la rythmique que de Sonic Youth pour l'ambiance et l'émotion, voire de Can dont nous reprenons le "Mary, Mary, so contrary".

BEGINNING BLUE CD
LI004

LITHIUM RECORDS

Le verso du EP




Le rond central



La totale






- La chronique paru dans le MelodyMaker du 4 avril 1992 -



THIS may be a far tinier creation (pun intended) than the above -Twisterella de
Ride (Creation)-, made in France on a shoestring by a pair called Isabelle et
Julien, but on Beginning Blue the intrepid record-buyer is treated to precisely
the sort of pleasures Ride should be effortlessly, endlessly capable of by now
: No Eyes makes an enchanting, claustrophobic little noise, the title
track is gloriously scratchy, Burning Blind is blurred, stoned, hazy,
disorienting -remember those ?- Harmony sees the unknown duo playing Kevin and Bilinda Valentine in a Gallic production of "Isn't anything". Candle aren't
weighted down by pressure and expectation, and so casualy startle and surprise.
Maybe anonimity is bliss.

Paul Lester

La chronique sur le blog du Mouvement Shoegaze
L’état de grâce que peuvent atteindre les groupes shoegaze se situe exactement là, à 3 min 36 de « No Eyes », lorsque le rythme ralentit et que les guitares s’effacent pour céder la place à une lente coulée de voix célestes et innocentes qui finira par s’éteindre progressivement, alors que la chanson avait pourtant évoqué une banale construction à base de saturations acérées et de rythmes répétitifs et entêtés.
La magie résulte de la combinaison, troublante, antinomique, de la section batterie/basse très groovy, et du chant, lymphatique. Jamais roulement de caisse n’avait autant suscité le désir de secouer la tête dans tous les sens. Pris dans ce vertige, les sens s’égarent, on est proche du vertige et les douces voix de Julien et Isabelle traversent alors l’esprit comme s’il s’agissait d’apparitions, qui viendraient de loin et qui donneraient l’impression de flotter.
L’entrée en matière met ainsi dans les meilleures dispositions, les guitares lentes, saturées et saignantes n’ont plus qu’à englober l’auditeur et le plonger dans une atmosphère très étrange, vaguement floue et vaporeuse. Le duo de voix, semi-chantées, semi-parlées, sur « Harmony » sème la confusion. Et tout le jeu est basé sur le contre-pied, que ce soit par l’utilisation d’un rythme sans cesse sur le fil ou sur les coupures incessantes d’éclairs noisy. Les boucles harmoniques, l’apparition d’un tambourin et les superpositions de saturations ne font que concourir à l’effet hypnotique que procure Candle.
Les titres prennent alors plus d’ampleur pour insuffler un courant planant à l’œuvre. Une évasion qui permettra de s’évader de la chape de plomb que représentent la vie quotidienne et ses astreintes. Le désir d’un monde sans douleur (on se rappellera du poème laissé par Isabelle sur un des albums de Carmine où elle parle de sa première expérience sexuelle comme d’une souffrance étouffante) qui pourra être atteint au travers la quête des plaisirs. Et le paradoxe sera d’autant plus étonnant que les plaisirs naîtront justement de la douleur (Isabelle compare l’orgasme à « un bruissement d’ailes très doux » à l’endroit même où « la bête mordait le plus férocement »).
Confronté à la réalité que l’épanouissement adulte ne peut être complet ou ne peut être délaissé de certaines désillusions, notamment celui des limites corporelles, l’individu ne peut que chercher refuge dans l’art et la musique. Seuls champs apparemment sans limite.C’est vers cela que se tourne Candle, un certain esprit transcendantal, encore naïf et juvénile, mais qui ne manque pas d’audace.
A l’instar des nombreuses dissonances qui parcourront les sept minutes de « Beginning Blue ». On devine ici même les aspirations futures du groupe et qui emmèneront Carmine, leur projet à venir, vers des sentiers proche du kautrock et des nuisances sonores de Moonshake ou Pram. Cette recherche de la déstabilisation sonique s’accompagnera d’une nonchalance dans le chant qui marquera là, une volonté délibérée de se noyer dans sa propre musique, pour s’y étouffer (on retrouve aussi ces idées de claustrophobie corporelle dans les poèmes d’Isabelle) et déclencher ainsi l’exaltation. Cela est particulièrement flagrant lorsque le chant d’Isabelle, mutine, se répétera inlassablement, et que les guitares ne cesseront de jouer avec les coupures, avant qu’une déferlante de sons ne vienne conclure le morceaux.
Et ce recouvrement sonore, ce remplissage obsessionnel, ne tire sa source que du désir compulsif de s’astreindre de toutes règles formatées et de créer des courts-circuits dans le cerveau. Pour se déconnecter un court instant de son corps. En sachant très bien que l’entreprise sera inutile, tout au mieux éphémère.
Dès lors, de ce constat d’échec assumé, une certaine mélancolie s’installe et vient se lover au cœur de ce marasme désabusé, à l’instar de la voix d’Isabelle sur « Burning Blind », emphatique et d’une légèreté inégalable, qui s’immisce dans les entrelacements de guitares dissonantes et d’arpèges tristes et espacés. La lenteur de cette complainte élégiaque noisy prendra une ampleur telle qu’elle pincera le cœur. Là, au détour d’une voix, d’une harmonie d’accords de guitares, d’une superposition subtile, on pourra y trouver des motifs gracieux.
L’évasion n’en sera que plus belle.
Victor Provis

3 morceaux extraits du ep "Beginning Blue" (Lithium/Virgin)



jeudi 25 décembre 2008

Candle - biographie (1992)



Une biographie de Candle par le blog du Mouvement Shoegaze

« Candle, y a rien ! Y a rien !! Y a pas une idée nouvelle ! ».
Les mots d’Arnaud Viviant, lâchés sur France Inter, le 18 mars 1992, alors que Bernard Lenoir venait de diffuser « No Eyes », sont durs. Et résumeront pour une large partie la façon dont la presse française accueillera le groupe. Pour le reste, silence absolu.Les groupes shoegaze se verront particulièrement reprocher leur apparent manque de panache, sans doute lié à leur obsession de recouvrir leur mélodie ou leur recherche d’expérimentation par des saturations. Et Candle ne déroge pas à la règle.

Malgré un bonne critique par le NME dans sa rubrique single lors de la sortie de leur EP « Beginning Blue », le groupe parisien ne rencontre que l’indifférence. Il faut dire qu’il sera difficile de s’imposer lorsqu’on signe sur un label indépendant comme Lithium, dont « Beginning Blue » ne sera que la quatrième parution, et que l’on sonne comme les groupes anglais shoegaze de l’époque.
D’ailleurs Viviant en tirera motif d’intransigeance : « Justement, il ne faut pas être indulgent avec les groupes français. Là, ça fait vraiment follow-up de Ride et Moose, et on ne veut pas de ça. On veut des groupes avec une réelle personnalité. ».

Ce premier enregistrement aura pourtant été l’occasion de découvrir la sensibilité de Julien et Isabelle, les principaux protagonistes de l’aventure, qui se sont rencontrés en septembre 1990 sur Paris alors que Julien jouait tout seul dans son appartement et que Isabelle était constamment déçue par les formations auxquelles elle appartenait. A eux deux, amateurs de noisy-pop, ils rechercheront dans une esthétique brouillée et discrètement animée par les dissonances et le travail sur le rythme, l’épanouissement de leur profonde mélancolie.
Des titres comme leur single « No Eyes » ou leur bruyant « Tears of blood », joué en concert à l'époque, provoquent à chaque écoute des frissons de plaisirs. Seulement, face à ces critiques, le couple, accompagné du batteur Nicolas et du bassiste Eric, se remet en question.
Les circonstances ne feront qu’accélérer les choses.
Candle étant déjà pris par un autre groupe, ils troqueront leur nom, pour Carmine, "parce que c'est compréhensible en anglais et en français. Il n'y a pas vraiment de raison." expliquera mollement Isabelle.

Quant aux relations avec le label nantais, elles deviendront de plus en plus tendues. « Nous avions déjà eu quelques accrochages avec LITHIUM concernant la sortie de Beginning Blue (pochette non conforme à nos souhaits, problèmes sur la promotion...). Après Beginning Blue, ces désaccords ont continué à s'amplifier : nous ne comprenions pas qu'un label soit-disant indépendant veuille nous imposer des contraintes d'une major (choix des titres pour l'album, critique du mixage, etc). ».
Pourtant tout s’explique, le label se rapprochant de Virgin Records. Excédé par des méthodes qui semblaient les museler, Isabelle et Julien décident alors de créer leur structure, Karina Square. « Après cette expérience, nous étions donc plutôt déçus et assez méfiants vis-à-vis des autres labels dits indépendants. Il nous a donc semblé que la meilleure solution pour garder la maîtrise de nos chansons était de créer notre propre label. ».

Profitant ainsi de l’occasion, le style du groupe évoluera petit à petit vers des contrées expérimentales. Ainsi, les opus parus sous le nom de Carmine, prennent une nouvelle direction, flirtant avec les recherches sonores propres aux groupes Krautrock ou des formations proches du jazz, jouant avec la langue anglaise ou française, testant des arrangements inhabituels pour le rock indépendant (piano, guitarocelle, violoncelle…). Ce fait de flotter au milieu de la musique, avec pour seule contrainte, de ne s’en imposer aucune, rappelle les travaux d’éclaireurs du post-rock.
Pas étonnant donc que le groupe soit proche de Flying Saucer Attack (autre groupe anciennement shoegaze), ait joué en première partie de Pram ou ait fait un split avec Hood.
L’approche s’éloigne des canons rock habituellement rencontrés. Elle dessine une évidente beauté (les chants d’Isabelle conservant leur pureté) mais qui n’arrive pas à cacher et à taire un profond malaise existentiel.Car des débuts shoegaze aux recherches de Carmine, c’est toujours cette même douleur, lancinante, qui finit par prendre aux tripes.
« Nous ressentons la création artistique (et même la création tout court) comme le reflet de la sensibilité de celui qui l'exprime, que ce soit à travers la musique, le cinéma, la poésie ». Et on revient dès lors toujours au même symptôme, qui a poussé le duo Isabelle et Julien à se lancer dans la musique : cette mélancolie tenace.
La quête de l’évasion permanente est un combat vain, et il n’y a rien de plus beau que d’entendre les plaintes de ces gens conscients de cette futilité.
Note : merci à Cocteaukid qui a permis à ce que ce groupe français ait place sur ce site.

Victor Provis (9/13/2007 )